Et vous?

I feel good.

Je voudrais pouvoir dire « Je vais bien, ne t’en fais pas ». Mais dire ça à qui d’abord ? A quelqu’un qui me poserait la question « Comment tu vas, en ce moment, t’as pas l’air bien ? ». Mais non… Personne ne se pose réellement la question de comment va l’autre. On vit dans un monde égoïste. Ou alors c’est juste moi, les gens s’en contrebalancent de moi. De mes soucis. Remarque ça tombe bien, ils se contrefoutent d’eux-mêmes. Pour les plus lents, ça signifie que mes soucis c’est eux. C’est les gens.

Ensuite, même si je disais « Je vais bien, ne t’en fais pas », ça sonnerais faux. Peut-être parce que c’est pas vrai… ? Souvent, t’as remarqué, quand les gens nous mentent, ça sonne faux. On le sent, même si on ne se l’avoue pas forcément à soi-même. « Elle te va trop bien cette robe, achète la ! J’te promets, sérieuuuux ! », ‘faut pas se fier à toutes ces paroles, ça veut juste dire : « Dépense ton fric, consomme, cette robe est hideuse ». La confiance n’est plus rien. Même tes proches, même tes amis ne cherchent qu’à te couler. A te nuire. A te faire du mal. Et faut pas dire le contraire de tout ça, faut accepter. Je pense qu’on comprend ça avec le temps, par étape. C’est sans doute ça l’adolescence ; on devient adulte au moment où l’on comprend que les autres ne veulent pas notre bien, pire, ils veulent notre mal. Et c’est un moment long, lent, compliqué à négocier, parce qu’au fond, y’a toujours une putain de voix qui nous dit que si, les autres ne sont pas si tordus que nous, et que si, bien sur qu’ils veulent notre bien. Quand on devient tellement dégoûté par la vie et par les autres, quand cette petite voix s’éteint, alors, on devient adulte.

Bienvenue dans la vie. Ca sonne faux, hein ? Hypocrisie fois deux plus incompréhension totale, c’est pas un bon mélange. On sait que je ne suis pas l’amie des mathématiques, mais ici il y a une erreur de calcul quelque part. Ca sonne faux. Puisque quand les gens nous mentent, ça sonne faux, quand la vie sonne faux ; la vie nous ment. CQFD. Simple comme bonjour.

D’ailleurs je crois que je préfèrerais l’expression simple comme « Au revoir ». Un « Au revoir », c’est tellement plus simple qu’un « Bonjour ». Bonjour, ça implique le dialogue avec un autre. Un ennemi. Alors c’est forcément compliqué. Tandis que Au revoir, ça signifie la fin du conflit, le retour au calme, l’heure du bilan de l’échange. C’est plus simple que Bonjour, non ? Oui. Donc, pour moi, désormais, ça sera simple comme Au revoir. Tchuss.

Sans doute que j’aimerai pouvoir dire « Je vais bien, ne t’en fais pas » parce que ça me permettrai de croire que quelqu’un « s’en fait » réellement pour moi. Mais de toute manière, pourquoi quelqu’un me poserait la question ? En façade, tout va bien chez moi. Ben voyons. Dans notre vie, aujourd’hui, tout ne se base que sur l’apparence. Certains trouvent ça normal, d’autre non. D’autres encore n’ont pas d’avis. Ou font semblant de ne pas en avoir, c’est carrément plus simple.

L’apparence, mine de rien, ça compte vachement – quoi qu’on en pense – ; et comme disais un pauvre homme, mieux vaut être belle et rebelle que moche et remoche. C’est certain, quand on a de l’esprit et la beauté en plus, on s’en tire mieux dans la life que quand on est bête et laid. Mais pourquoi, au juste ? Qu’est-ce que ça peut nous foutre que untel soit laid ou beau, que unetelle soit con ou intelligent ? Puisque c’est des ennemis, on doit les juger dans leur totalité. Prendre en compte les moindres détails de leurs apparences ou de leur personnalités, qui puissent servir à les détruire dans un futur relativement proche. Puisque tout compte pour couler un autre, j’ me demande bien pourquoi l’apparence compte plus que la personnalité… Peut-être que ça touche l’ennemi plus profond dans son capital de résistance si on lui parle de son apparence que de sa personnalité ? Parce que c’est ce qu’il montre de lui aux autres ? Sans doute.

Enfin, je crois que si je disais « Je vais bien, ne t’en fais pas », les gens qui ne parlent pas français ne comprendraient pas. Remarque, je m’en fous un peu, mais quand même, ça m’ennuierait que certains ne soient pas au courant. Il faudrait une langue universelle, car il me semble que pour s’entretuer, ça serait beaucoup plus commode. L’anglais par exemple, c’est déjà mieux.

« I feel good, don’t worry about me. ». Ca le fait trop.

C’est vraiment dégueulasse que je ne puisse pas le dire.
J’aurai tellement aimé.